La ferme des Rieux en Haute-Marne

Un système qui a du sens et qui prend sa place dans la société

« J’ai repris la ferme de mon père. Une ferme conventionnelle : élevage et céréales, avec trente vaches Holstein en système intensif et maïs ensilage. Il a fallu attendre le départ de mon père à la retraite et l’arrivée de mon épouse dans l’exploitation pour que nous changions de programme ». Il a surtout fallu que Raphaël Prignot qui s’exprime ici rende visite à son cousin producteur de Comté dans le Doubs. « J’ai vu chez lui un élevage qui avait du sens. Une alimentation maîtrisée. Un système herbe et foin. Je me suis dit : c’est comme ça que je veux travailler. »

Se différencier avec la STG Lait de foin

« On voyait qu’il y avait une demande en fromages». C’est pourquoi deux ans plus tard, ils construisent des caves d’affinage et se lancent dans cette nouvelle production. « Villiers-sur-Marne n’est pas en zone d’appellation. Nous ne pouvions pas valoriser nos produits avec une appellation d’origine. Alors nous nous sommes inspirés. Nous avons créé nos propres fromages que nous pouvons aujourd’hui distinguer d’un signe officiel de qualité européen, la STG Lait de foin. » En un premier temps Raphaël a séparé son troupeau en deux : trente Holstein, dont le lait est livré à une laiterie et trente Montbéliarde nourries à l’herbe et au foin pour la fromagerie.

Un lait différent

« Le lait d’ensilage a un goût différent. Et surtout avec l’ensilage, il y a risque de développer des pathogènes. En ce milieu humide, s’il y a des butyriques ou de la listéria, leur développement se fait de façon exponentielle. » C’est pourquoi petit à petit, le système s’est simplifié. Après deux années de conversion, la ferme a été certifiée bio en 2018. Raphaël a changé de laiterie « toutes les vaches sont passées au régime herbe + foin et elles s’en portent bien. Plus on travaille les bêtes de façon extensive et plus elles deviennent rustiques. Les nôtres vivent en moyenne 10 à 12 ans ».

 

Une gamme de sept fromages

Le Gaec des Rieux consacre aujourd’hui 30% de son lait à la production de sept fromages et apprécie la rémunération supplémentaire qu’ils génèrent : « quand la laiterie paie mon lait en moyenne 0,45 € le litre, notre fromagerie – une fois les coûts de production déduits – permet une valorisation à 0,72 € le litre.  Ce qui est loin d’être anecdotique sur un volume annuel de l’ordre de 100.000 litres. Je ne changerais ma pratique pour rien au monde. » Les cousins du Comté sont fiers de lui. « Ils disent qu’ils ont bien travaillé. Qu’ils m’ont bien formé. C’est un système respectueux qui a du sens et quand on a du sens, on trouve sa place dans la société. »

 

Le site internet de la ferme