Stéphane, producteur de lait dans la Manche

Un véritable engagement vis-à-vis du consommateur 

Installé en polyculture-élevage dans le Sud-Manche, Stéphane Mancel plaide pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement et plus proche des attentes de la société.

Stéphane Mancel se définit lui-même comme un « paysan qui fait un peu de tout : du lait, un peu de viande, des produits cidricoles… ». Installé en GAEC avec ses parents en 2001 sur la ferme familiale à Moulines, près de Saint-Hilaire-du-Harcouët, il menait alors l’exploitation selon un système « classique modéré», c’est-à-dire basé sur une alimentation à l’herbe complétée par du maïs et du soja. Mais ce système, il a voulu le faire évoluer, parce que « ce n’était pas possible de continuer à nourrir mes vaches avec du soja brésilien. » Sept ans plus tard, en 2008, il reprend seul la ferme, après deux années consacrées à la mise aux normes des bâtiments et à la construction du séchoir. Dès l’année suivante, c’est la crise du lait. Refusant de s’engager dans une fuite en avant consistant à produire toujours plus pour essayer de préserver son revenu, il décide de passer en bio.

Un fourrage de meilleure qualité

Ses quarante-cinq Normandes lui assurent une production moyenne de 280 000 litres de lait collectés par Biolait. La ferme s’étend sur 60 hectares, dont 7 de céréales (triticale). Il consacre une trentaine d’hectares aux prairies de fauche, avec rotation tous les cinq ans, le reste étant en prairies naturelles permanentes. En achetant du lait de foin, on achète donc du paysage : « Au final, c’est le consommateur qui décide des pratiques agricoles, plus que les élus. Le panier de courses est plus puissant que l’urne. »

Bien que le cahier des charges de la STG Lait de foin n’impose pas le séchage en grange, Stéphane considère que c’est quasiment indispensable, car « cela permet d’avoir un fourrage de meilleure qualité ». Il faut pour cela une certaine maîtrise technique, ce qui n’est pas pour lui déplaire : « Les agriculteurs adeptes du séchage en grange sont généralement des amateurs de technique, des gens à la fois curieux et perfectionnistes. » Ils sont aidés en cela par des prévisions météorologiques aujourd’hui plus fines et beaucoup plus fiables, ce qui permet de faucher au meilleur moment, et donc de limiter les risques. « De toute façon, les prairies étant fauchées quatre fois par an, ça s’équilibre sur l’année. » Féru de technique, Stéphane sait aussi savourer les instants simples : « J’aime donner du foin à mes vaches. C’est un moment privilégié, sans le moindre bruit de moteur. C’est un geste qu’auraient pu pratiquer mes grands-parents. C’est authentique, intemporel. »